Patrimoine et inventaire de Nouvelle-Aquitaine

Bien que sa façade et la plupart de ses ouvertures aient été probablement reprises vers les années 1850-1870, cette maison a sans doute été construite au 18e siècle. Le corps de bâtiment, plus bas, qui la prolonge à l'ouest présente une petite baie à encadrement chanfreiné.

En 1774, la maison, appartenant jusqu'alors à Etienne Baudin, est vendue à Pierre Grelet (1745-1792), marchand et aubergiste, époux de Marie Jourdain, qui demeure dans la maison voisine (18 rue de l'Ecu). Cette maison, composée d'une chambre basse, une chambre haute et un grenier, apparaît sur deux plans de la place de la Coutume et de ses abords en 1783 et 1787 (repère n° 12). En dépend une écurie et grange se trouvant au nord, de l'autre côté de la rue de l'Ecu (repère n° 15). Le plan précise aussi que la cour devant la maison formait autrefois un passage entre la place de la Coutume et la rue du Port aux Moules, à l'ouest.

En 1780-1781, Pierre Grelet s'accapare l'ancien port aux Huîtres, un cours d'eau perpendiculaire à la Sèvre, sur le côté ouest de la place de la Coutume, pour relier plus facilement sa nouvelle propriété au fleuve (repère n° 5). Par ailleurs, il fait construire un escalier extérieur contre le mur pignon est de la maison, place un dépôt de fumier juste devant, et enfin fait édifier le passage couvert qui existe toujours à l'arrière de la maison, de manière à relier celle-ci à la l'écurie qui se trouve au nord de la rue de l'Ecu (n° 13 sur les plans de 1783 et 1787). Une lettre du curé de Coulon au seigneur de Coulon, le comte de Montbrun, l'informe que Grelet vient de construire ledit passage ou "balet", en espérant qu'il le retire rapidement, ce qui ne se produit pas. Le comte de Montbrun engage alors un procès contre Grelet, dénonçant ces multiples accaparements et empiètements sur la place de la Coutume et sur la rue de l'Ecu, au détriment de ses droits seigneuriaux. Parmi les arguments avancés, Grelet explique que le balet, construit de manière à ne pas gêner le passage des charrettes, est "destiné à mettre à couvert les paniers et mannequins des voyageurs qui descendent chez lui". Le comte de Montrbun remporte finalement son procès en 1788. Si l'ancien port aux Huîtres semble alors comblé, le passage couvert sur la rue de l'Ecu est malgré tout maintenu.

Le passage couvert apparaît, comme la maison, sur le plan cadastral de 1833. Le tout appartient alors à Joseph Roy, tandis que le corps de bâtiment dans le prolongement de la maison, ainsi qu'une autre habitation qui se trouvait alors dans la cour, au sud, sont détenus par les héritiers du seigneur de Coulon, MM. de Sainte-Hermine et de la Rochebrochard.

Cette maison est sans doute celle louée le 12 juin 1841, pour quatre ans, par Joseph Roy à la commune de Coulon pour servir de logement à l'instituteur et recevoir les élèves de l'école de garçons. La maison louée comprend une chambre basse au rez-de-chaussée, deux chambres hautes au premier étage, deux greniers au-dessus, et un petit jardin. Dès 1843, l'école s'installe dans un bâtiment construit pour elle au nord du bourg (actuellement 3 rue Gabriel-Auchier).

Au plan d'alignement du bourg en 1887, la maison appartient à Léandre Roy, notaire à Coulon.